Le Jardinier de Madame
Fantasme domestique au cœur de la Suisse
Câline
5/25/20254 min temps de lecture



Je ne connais même pas son prénom. Il vient, il travaille, il transpire. Et moi, je l’observe.
Chaque matin, dans cette maison silencieuse perchée au bord du lac Léman, je le vois arriver. Mon jardinier. Torse nu dès les premiers rayons du soleil, les bras solides, les cuisses fermes, la nuque mouillée de sueur. Il ne parle pas. Il coupe, ratisse, soulève, creuse. Et moi, derrière mes voilages, en robe de chambre et culotte mouillée, je le désire.
Ce fantasme domestique, je l’ai nourri en silence pendant des semaines. Il y avait quelque chose de sauvage chez lui. Une manière de dominer l’espace vert, de manipuler la terre comme un corps, de faire plier les branches comme s’il pouvait me faire plier aussi. Un vrai sujet de récit érotique, à lui tout seul.
Je me surprenais à m’allonger sur mon canapé, jambes écartées, les doigts glissant sous la soie de ma lingerie. Pendant qu’il taillait les haies, moi je taillais mon plaisir. Il ne le savait pas, mais chaque geste qu’il faisait dehors déclenchait un autre geste dedans. Mes râles étouffés par un coussin, mes doigts trempés, ma chatte offerte à l’imaginaire… et parfois, à une douce voix dans mon oreille. Oui, je mêlais mes jeux à des appels en sexe par téléphone. J’appelais une ligne, feignais d’être une cliente timide, et pendant qu’un inconnu me parlait sale, je m’imaginais que c’était lui, le jardinier, qui murmurait tout ça dans ma nuque.
C’est dans ce petit coin de Suisse, derrière mes volets, que j’ai construit mon propre téléphone rose torride, intime et sensuel, entre deux mondes. Celui de la bourgeoisie, et celui des fantasmes secrets.
Un matin, alors que je revenais d’une douche, je l’ai entendu. Le bruit léger d’une porte mal fermée. Je n’ai pas bougé. Nue, encore humide, j’ai laissé ma serviette tomber au sol. Je me suis avancée vers la véranda. Il était là. À l’intérieur. Dans MA maison.
Je ne sais pas ce qu’il cherchait. Peut-être de l’eau. Peut-être autre chose. Mais moi, je savais exactement ce que je voulais. Je me suis approchée, les seins nus, les hanches ondulantes, et sans un mot, j’ai posé ma main sur sa ceinture. Il ne m’a pas arrêtée. Il m’a laissé faire. Comme si c’était écrit depuis le début.
J’ai ouvert son pantalon, senti l’odeur du dehors, la sueur du travail, la tension de l’attente. Il était déjà dur. Mon jardinier, silencieux et docile. Je l’ai mené vers la véranda, le sol encore chaud du soleil de midi. Je l’ai poussé contre la vitre, et j’ai glissé ma bouche sur lui, lentement, salement, avec cette faim que seules les femmes trop longtemps frustrées connaissent.
C’était sale, et c’était parfait. Une scène de sexe brut, sans parole, sans tendresse, juste la pulsion. Il m’a prise là, contre le verre, les géraniums en fleurs comme seuls témoins. Je me suis cambrée comme une chienne en chaleur, j’ai écarté les jambes, et sa queue m’a pénétrée avec violence. Pas de préliminaires. Juste du sexe. Pur. Brut. Moite. Suisse.
Chaque va-et-vient cognait mon clito contre la vitre, chaque coup de reins me faisait gémir plus fort. J’aurais pu appeler la ligne du téléphone rose à ce moment-là, raconter ce qui se passait, faire fantasmer un inconnu avec ma voix tremblante. Mais non. Ce jour-là, je voulais que ce soit réel. Que ce récit érotique prenne racine dans mon propre corps.
Il m’a attrapée par les hanches, m’a retournée, m’a prise en levrette, les cheveux tirés, les cuisses battant contre les siennes. Je me suis crue dans un film, dans une de ces photos qu’on voit sur les forums de photo érotique, celles qu’on regarde tard le soir quand l’envie monte. Mais là, c’était moi la photo. C’était moi le fantasme.
Je sentais tout. Le sol dur contre mes genoux, la lumière du soleil sur mes fesses nues, les coulées chaudes entre mes lèvres. Je n’étais plus une dame bien comme il faut. J’étais une pute de jardin, offerte à l’ouvrier, impure et jouissante.
Quand il est venu, c’était dans un râle long et étouffé. Il s’est vidé en moi comme s’il avait attendu toute sa vie. Et moi, j’ai joui en même temps, le ventre crispé, les ongles plantés dans le sol. Une explosion muette. Une jouissance comme on en connaît peu.
Il s’est rhabillé sans rien dire. Il m’a regardée, nue, salie, comblée. Et il est sorti.
Je suis restée là, longtemps, à genoux, le sperme coulant entre mes cuisses, les jambes tremblantes. Le lac brillait au loin, paisible, indifférent à ma décadence. Et moi, dans cette belle maison suisse, j’étais devenue une autre. Pas seulement une femme qui baise avec son jardinier. Une femme qui s’assume. Qui vit ce qu’elle fantasme. Qui fait de son corps un territoire à explorer, sans honte.
Depuis ce jour, je ne l’observe plus par la fenêtre. Je descends. Je vais dans le jardin. Je le frôle. Parfois, je glisse une main dans sa poche. D’autres fois, je le laisse faire glisser ses doigts dans ma culotte. Nous ne parlons toujours pas. Mais nos corps ont appris la langue la plus ancienne.
Et chaque soir, quand je suis seule, nue sous mes draps, je repense à lui. Et si je n’ai pas assez joui, j’appelle une de ces lignes suisses de téléphone rose. Et je raconte. Je fais vibrer ma voix. Je transforme mes souvenirs en fantasmes pour d’autres. Je deviens celle qui excite. Celle qu’on écoute en silence, la main sur la queue.
Parce que ce n’est pas qu’une histoire de sexe. C’est une histoire de possession. De transformation. Et je sais que la prochaine fois qu’il franchira la porte, je l’emmènerai plus loin encore. Dans un autre coin de la maison. Dans une autre scène de sexe brut. Dans un autre fantasme domestique à faire exploser.
Et je garderai chaque image en moi. Pour mieux la rejouer, plus tard. Pour mieux la murmurer à l’oreille d’un inconnu, en sexe par téléphone, au cœur de la nuit, quelque part en Suisse.